Dans ce conte, je vous parle de plaisirs coupables et de peur de vivre ! Le développement personnel consiste aussi à s’affranchir des donneurs d’ordre, des faiseurs de sermons et de dogmes. Le développement personnel c’est aussi s’affirmer pour penser et juger par soi-même de ce qui bien, de ce qui est mal !
– Moi dit l’oiseau, j’ai des ailes et je peux m’envoler quand je veux.
– Moi dit le paralysé on me les a coupées.
– Qui ça dit l’oiseau ?
-C’est le destin !
– C’est donc Dieu dit l’oiseau.
– Dieu sait parfaitement ce qu’il fait car Dieu est parfait.
– Comment peux-tu affirmer que Dieu est parfait dit l’oiseau?
– Sois logique dit le paralysé, si Dieu était imparfait, il serait au même niveau que l’homme, alors n’importe quel homme se croyant parfait pourrait lui voler sa place.
– Et si Dieu était un oiseau dit l’oiseau.
– Ce n’est pas possible dit le paralysé, Dieu est tout puissant et l’oiseau qui a une cervelle d’oiseau, ne l’est pas.
– C’est bien vrai dit l’oiseau, trop de plomb dans la tête, ce n’est pas bon pour un oiseau. Nous autres les oiseaux, sur terre, nous comptons pour du beurre, mais nous volons, ce qui n’est pas si mal. Je suis triste pour toi car tu ne peux ni voler ni marcher. Tu est cloué dans ta maison. Qu’as-tu fais pour mériter ton sort.
– Dieu seul le sait ! Dieu, sans l’ombre d’un doute, m’a choisi parmi bon nombre de brebies méritantes ! Sans l’ombre d’un doute, répéta songeur, le paralysé qui était croyant. J’ai une explication sur la question. J’ai idée que c’est pour me préserver du péché d’orgueil!
– Ah ! Tu est orgueilleux dit l’oiseau ? Mais d’abord, c’est quoi l’orgueil ?
– C’est quand on n’estime que soi.
– L’aigle sur sa cîme qui fait sa loi sur les petits oiseaux, serait-il un orgueilleux ?.
– Non les animaux sont dépourvus de malice et ils n’ont point d’orgueil. Sauf s’ils se prennent pour des hommes dit l’homme assis.
– Et le paon ? et le geai voulant se parer des plumes du paon? dit l’oiseau perplexe ! Puis il ajouta, soudain dépité et honteux, je me suis pris pour une nonpareille des Florides, un passereau chanteur à la voix à nul autre pareil, beau mais beau !
– J’ai dû, sans le savoir, vouloir ressembler à un aigle, un matador ou un matamore dit le paralysé soudain pensif et abattu… à une grenouille gonflée de vanité. Qui sait ? Sans mon handicap, j’aurais pu nuire à mes semblables ou les indisposer. Dieu dans sa sagesse, m’a évité tout le mal que j’aurais pu faire.
– Il a donc préservé les autres de tes méfaits, ça je le comprends, mais en quoi t’a t-il préservé toi ? dit l’oiseau.
– Il m’a épargné les remords ! J’aurais beaucoup souffert.
– Mais, il y a des êtres humains que les remords ne tourmentent pas, qui vous chassent et qui vous tuent.
– Ceux là sont sans foi ni loi. Ils vont directement en enfer, sans revenir à la case départ ! Dieu m’a fait grâce de cette tare ! J’aurais ma chance dans un autre monde.
– Ainsi il t’a rendu heureux malgré toi ! Mais dis-moi paralysé repentant, pourquoi le bon Dieu n’a -t-il pas donné de remords à toutes ses brebis ? Pourquoi certains ont la sanction de leur conscience et d’autres ne l’ont pas ? Et pourquoi après, aller les torturer en l’enfer ? Et pourquoi la bénédiction des armées et des rabatteurs ? Et pourquoi….
– Je ne sais pas ! hurla le paralysé pour stoper ce qu’il voulait faire passer pour piaillerie, jacasserie, caquèterie et compagnie.
– Je ne sais pas. Seul le Mystère peut expliquer ! dit, péremptoire, le paralysé !
– C’est ennuyeux dit le moineau. Puis se ravisant : en définitive vous avez réponse à tout. Il n’y a pas à dire, vous êtes bien plus intelligent que nous !
– Moi, je sais que je n’aurai pas fait de mal à une mouche ! dit le paralysé rasséréné.
– Moi j’aime bien les mouches dit l’oiseau !
– Je ne rêvais que d’espace, de rencontres et d’amour. Je voyais des pommes partout. Partout des pommes à croquer ! Des pommes en haut sous les soutien-gorges des femmes, des pommes derrière, sous leur culotte. La tentation était permanente de mordre dans la chair tendre. Je donnais le mauvais exemple, bien évidemment !
– Je ne vois-là rien de mauvais, dit l’oiseau.
– Toi tu es un animal, tu ne peux pas comprendre ! Je vais, quand même, essayer de te faire toucher de l’aile le péché prévisible. Imagine que tu sois bien au chaud au paradis mais que tu t’y ennuies. Ton bienfaiteur lui veut te garder à vie près de lui, blanc comme neige, doux comme un agneau, pure comme le nouveau né mais toi tu trouves que c’est bien long l’éternité quand rien ne vient créer l’évènement.
– C’est quoi un évènement !
– C’est une dispute de piafs pour avoir le plus gros ver, c’est une mare bien boueuse pour jouer, folâtrer, frétiller, te salir dedans, c’est roucouler, parader, courir l’oiselle en été et volage, convoler avec une autre, l’été d’après.
– Je viens d’apprendre grâce à toi que ma vie actuelle n’est qu’une série d’évènements. Je ne peux imaginer un paradis sans ces plaisirs simples ! Mais il est vrai que moi, je ne suis qu’un oiseau simplet !
– Suis mon raisonnement, fais un effort, imagine que tu veuilles connaître le monde et que tu succombes aux tentations, aux chant des sirènes, aux beaux discours des beaux parleurs, des hérétiques, des mages, des profiteurs, des gourous, des guides, des sectaires, des chefs de secteurs; imagines que ces gens-là avec leurs lyres, leurs flon-flons, leurs décors et leurs décorums, cherchent à te posséder avec des histoires de gentils et de méchants, des contes à t’endormir content, à t’emberlificoter, à embrouiller ta raison, ton sens du jugement, avant de t’enroler et te faire partir en croisade contre tes frères.
– Des oiseaux de mauvais augure, toujours prêts à faire renaître les vieilles zizanies entre frères, des volatiles, de basse-cour, de basses œuvres, de petits secteurs ! s’exclama l’oiseau indigné !
– Ou de petits partis, ou de petites nations, de petites chapelles, de petits clochers. Tu entends les clochettes, tu entends s’ouvrir la gueule du serpent à sonnette, prêt à t’avaler, à se nourir de toi et nourir ses ambitions.
– Mais moi je ne fais aucun mal dit l’oiseau !
– Tu crois ça ! Tu voles ! Et ce n’est pas bien. Tu leur fais de l’ombre, tu leur retires du soleil en passant. Et puis y a les oiselles, tu te trémousses avec elles. Il a suffit d’un bécot à Eve pour mettre le paradis à feu et à sang. Les hommes, et crois-moi, les oiseaux aussi, voudront toujours plus de plaisir. On se dispute la jouissance puis la puissance et la gloire. Il faut tirer des enseignements de l’histoire…. Et puis tu copules comme une bête et tu fais des envieux, ce qui est un péché impardonnable !
– Quel cauchemar dit l’oiseau ! Je préfère ne point m’envoler, ne point jouir de cette liberté maudite qui me conduirait à ma perte. Que le Dieu des oiseaux me coupe les ailes sur le champ, que je reste dans sa maison. Je lui promets d’être sage. Je lui promets, dorénavant, l’innocence de l’enfant et l’immobilité du paralysé. Loin de moi l’oiselle pernicieuse, la femelle diabolique qui féconde le malheur !
– Tout cela est bien angoissant dit le paralysé !
– Oh que oui dit l’oiseau, j’en ai froid dans le dos !
– Ah! si nous pouvions revenir en arrière, bien au chaud dans le ventre de notre mère ! dit le paralysé.
– C’était le paradis ! dit l’oiseau.
– Pourquoi donc fallait-il naître ? soupira le paralysé !
« Connais-toi toi-même »
avec Coachazard de Bernard Sananès
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